Kill 'em All

Depuis son investiture, Donald Trump et son gouvernement se sont lancés dans une croisade contre les sciences du climat et la transition écologique. Le label Energy Star pourrait bien être la prochaine victime en date.
Les craintes des scientifiques sur la suppression des données – notamment sur le climat – se sont malheureusement rapidement concrétisés après l’investiture de Donald Trump. Attaques qui se sont répétées ces derniers mois, avec des censures sur des centaines de mots, notamment crise climatique. Emmanuel Macron et l’Europe ont d’ailleurs fait plusieurs appels du pied aux chercheurs étasuniens.
Le label Energy Star – bien connu du grand public via ses étiquettes bleues collées sur différentes machines, notamment les ordinateurs – pourrait être la prochaine victime de la croisade de Donald Trump.
Clap de fin pour l’Office of Atmospheric Protection et Energy Star ?
Lors d’une réunion générale, lundi, de l’Office of Atmospheric Protection de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis, « des responsables de l’administration Trump ont annoncé que le bureau serait dissous et qu’Energy Star serait supprimée », rapportent le Washington Post et Reuters.
Nos confrères ajoutent que c’est le dernier élément d’une longue liste d’« attaques de l’administration Trump contre les normes d’efficacité énergétique ». Mais il ne s’agit pas uniquement d’empreinte environnementale, comme le rappelle Paula Glover, présidente de la coalition bipartite Alliance to Save Energy à CNN :
« La fin du programme Energy Star contredirait directement la promesse de cette administration de réduire les coûts énergétiques des ménages. Pour seulement 32 millions de dollars par an, Energy Star aide les familles américaines à économiser plus de 40 milliards de dollars en coûts énergétiques annuels ».
Enjeux environnementaux et économiques
Même son de cloche chez plusieurs officiels américains, notamment le sénateur Ed Markey : « L’efficacité énergétique n’est pas seulement une question environnementale, c’est aussi une question économique ».
En mars, près d’une trentaine de groupes industriels et de fabricants d’appareils électroménagers avaient envoyé « une lettre à l’administrateur de l’EPA, Lee Zeldin, l’exhortant de ne pas mettre fin à Energy Star parce qu’il s’agit d’une bonne collaboration « non réglementaire » entre le secteur privé et le gouvernement fédéral », rappelle Reuters.

Un programme qui a déjà 33 ans
Le programme Energy Star a été lancé en 1992 par l’Environmental Protection Agency américaine. Il est depuis utilisé un peu partout dans le monde, notamment en Europe pendant une bonne partie des années 2000.
Son but est de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’encourager « la fabrication d’équipements de bureau à bon rendement énergétique », rappelle la Commission européenne. Attention par contre, il ne « prend en compte uniquement la phase d’utilisation de l’équipement (et non tout le cycle de vie) », précise le ministère de l’Économie.
Un accord entre les États-Unis et l’Union européenne…
« Les équipements de bureau (ordinateurs, écrans d’ordinateur, imprimantes, photocopieurs, scanners, télécopieurs) consomment une quantité importante d’électricité pour fonctionner. Afin d’inciter les fabricants européens à améliorer les performances énergétiques de ces appareils, l’Union européenne a décidé de rejoindre en 2001, dans le cadre d’un accord valable cinq ans, le programme « Energy Star » et de mettre en place le label du même nom », explique le Sénat.
La présence du fameux logo « Energy Star » indique qu’il a « été conçu selon les spécifications techniques du programme et qu’il constitue dès lors un produit à haute efficacité énergétique ».
Un accord a été conclu entre l’Europe et les États-Unis en 2001, mais il a expiré en 2006. Un second Cooperation Agreement est signé la même année, puis un troisième en 2011, à chaque fois pour une durée de cinq ans. L’Europe disposait même de son propre organe de gestion de ce programme : le Bureau ENERGY STAR de la Communauté européenne (BESCE).

… qui a pris fin en 2018
La Fédération des Entreprises Internationales de la Mécanique et de l’Electronique (FICIME) précise que « l’accord entre les États-Unis et l’Union européenne, relatif au programme ENERGY STAR, a pris fin le 20 février 2018 par suite de son non renouvellement. Cet éco-label ne sera plus cité dans les cahiers des charges des appels d’offres ».
L’Europe confirme que le programme est effectivement enterré depuis maintenant sept ans. À la place, des étiquettes sur la consommation énergétique ont été mises en place pour certaines catégories de produits.
Pour les ordinateurs, il existe un programme de certification (payant) 80Plus pour les alimentations. Il permet de valider certains niveaux de rendements minimum en fonction du niveau de charge. Au minimum 80 % dès 20 % de charge pour la version de base, davantage pour les niveau Bronze, Silver, Gold, Platinium et Titanium.