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Nice veut prédire les crises grâce à l’IA et la surveillance des réseaux sociaux

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CHUC de Nice Facts
Nice veut prédire les crises grâce à l’IA et la surveillance des réseaux sociaux

Laboratoire français des technologies sécuritaires, la ville de Nice veut se doter du tout premier Centre d’Hypervision Urbaine et de Commandement (CHUC) de France, d’un montant estimé à 6,5 millions d’euros, mais pouvant monter jusqu’à 12 millions d’euros. Ses « outils et algorithmes de prédiction » sont censés interconnecter l’ensemble des capteurs de sûreté et de sécurité de la métropole, afin de les faire analyser par 150 agents, assistés par l’IA.

La métropole de Nice va se doter d’un nouvel « Hôtel des Polices » en plein cœur de la ville. « Bâtiment connecté, intelligent, sécurisé et respectueux de l’environnement » de 50 000 m², il est censé « créer un lieu de rassemblement des équipes de la Police Nationale et de la Police Municipale ». Y sera également implanté « le 1er » Centre d’Hypervision Urbaine et de Commandement (CHUC) de France, d’environ 3 900 m².

Son coût global est « estimé à 239 millions d’euros hors foncier, hors aménagement du CHUC et hors requalification des abords », dont 172 millions d’euros de participation financière de l’État dans le cadre de la LOPMI (Loi d’Orientation et de Programmation du Ministère de l’Intérieur), plus 28 millions d’euros « entièrement financé par la Ville de Nice » pour ce qui est du CHUC.

« Totalement innovant par sa conception, son organisation et ses moyens numériques », il accueillera au quotidien 150 agents de la Ville de Nice et de la Métropole Nice Côte d’Azur (MNCA), et comportera à l’étage « deux salles de crise modulables (PCC et PC Évènementiel) », une « terrasse dédiée au pilotage des drones », un laboratoire des nouvelles technologies, une cellule dédiée à la cybersécurité, et « 5 salles d’exploitation vidéo », notamment.

Dans un article consacré à un précédent appel d’offres de maintenance de ses équipements de (vidéo)surveillance, nous relevions, en décembre 2022, que la mairie de Nice précisait que son Centre de Supervision Urbain (CSU), créé en mars 2010, employait 90 fonctionnaires surveillant 4 090 caméras, 1 400 boitiers d’alerte, 244 bornes d’appel d’urgence et 108 haut-parleurs de voie publique, ayant permis de procéder à « 7 360 interpellations du 23 mars 2010 au 8 décembre 2022 ».

Depuis, la page consacrée à son CSU indique que le nombre de caméras est passé à « plus de 4 300 », celui des boîtiers d’alerte à 1 700, qu’il dénombre désormais 285 bornes d’appel d’urgence reliées au CSU et 160 dispositifs de diffusion sonore.

Y travaillent 90 agents, qui se relaient 7j/7 et 24 h/24, dans trois salles d’exploitation vidéo équipées de 90 écrans : une salle dédiée à la gestion des alertes et à la lutte contre les incivilités, une salle de gestion des événements de la voie publique et une salle dédiée à la protection des établissements scolaires.

Le massacre du 14 juillet 2016, que les caméras n’avaient pas empêché

La ville a par contre cessé de comptabiliser le nombre d’interpellations associées. Elle a aussi effacé la mention de son « Système de Vidéo Protection Intelligent qui permet de détecter automatiquement et en temps réel, tout comportement « anormal » (exemple : intrusion, colis suspect et attroupement) ». 

Suite aux attentats de Charlie Hebdo, en 2015, le maire de Nice, Christian Estrosi avait accessoirement déclaré être « à peu près convaincu que si Paris avait été équipée du même réseau [de caméras] que le nôtre, les frères Kouachi n’auraient pas passé trois carrefours sans être neutralisés et interpellés ».

Or, un an plus tard, alors que la ville ne dénombrait encore que 1 256 caméras, surveillées par 70 fonctionnaires, le terroriste de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice avait pourtant été filmé par plusieurs d’entre elles alors qu’il effectuait au volant d’un poids lourd de 19 tonnes pas moins de 11 repérages sur la promenade des Anglais entre le 11 et le 14 juillet, dont 3 d’une trentaine de minutes, mais sans pour autant être identifié, comme l’avait révélé Mediapart.

Et ce, « malgré l’arrêté municipal interdisant la circulation des véhicules six fois moins gros dans cette partie de la ville », et sans non plus susciter d’intervention de la police municipale, qui ne lança aucune enquête. Les caméras de vidéosurveillance ayant filmé l’attentat n’avaient en outre, elles non plus, été d’aucun secours le soir de l’attentat.

À notre connaissance, aucun retour d’expérience (RETEX) n’a depuis été rendu public au sujet de ce pourquoi les 70 fonctionnaires qui se relayaient alors au CSU n’auraient pas vu passer le poids lourd sur la Promenade des Anglais lors des 11 repérages effectués par le terroriste en prévision de l’attentat. Nous n’avons pas non plus identifié de RETEX sur leur contribution à la réaction policière le soir de l’attentat, ou ce pourquoi elle n’aurait pas ou mal fonctionné.

Solutionnisme technologique ? Plutôt que d’interroger, voire remettre en question, cette croyance dans la prétendue efficience de ce type de technologies sécuritaires, Christian Estrosi (qui qualifie la CNIL d’« espèce d’institution poussiéreuse » au motif qu’elle lui interdirait le recours à la reconnaissance faciale) a décidé d’accélérer le mouvement en embauchant 60 agents supplémentaires, chargés de surveiller encore plus de capteurs et d’écrans.

Une détection automatique des publications sur les réseaux sociaux

La Ville vient en effet de lancer un appel d’offres portant sur l’ « acquisition d’une solution d’Hypervision de sûreté-sécurité ». D’un montant estimé à 6,5 millions d’euros mais pouvant monter au maximum à 12 millions (HT), il reposera notamment sur l’« acquisition automatique de données relatives à la sûreté et à la sécurité sur les réseaux sociaux (détection d’événements par surveillance des réseaux sociaux) ».

Son futur hyperviseur, censé interconnecter les (très) nombreux capteurs déployés dans la Métropole Nice Côte d’Azur (MNCA), sera en effet « interfacé avec plusieurs des principaux réseaux sociaux utilisés par le public (par exemple : Facebook, X, Instagram, …) », afin d’offrir une « fonction de détection automatique des publications sur les réseaux sociaux portant sur une potentielle situation à risque en Métropole ».


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